jeudi 3 avril 2014

Les garçons perdus - Arnaud Cathrine & Éric Caravaca

« Un matin que nous patientions devant les portes du lycée encore fermées, constatant que sa bande de hyènes n'était pas encore arrivée, il m'a proposé une cigarette.

Je ne fumais pas en début de seconde.

Depuis lui, je fume.

Pour la première fois, je l'ai vu de près. Je me suis surpris à fixer cette incisive mal placée que découvrait son sourire. En haut.

Il avait une incisive légèrement en avant par rapport aux autres dents et c'est ce qui faisait son sourire. Ça, il ne le savait pas, j'en suis certain. Il n'avait pas conscience que ça faisait tout. Que son pouvoir commençait là.

Il a dû sentir que j'étais candidat. Candidat à lui. »

En bonne admiratrice que je suis, j'ai acheté ce roman sur les conseils de Nina Bouraoui... et parce que le sujet me tentait, ainsi que les quelques phrases lues au vol.

C'est un récit court, d'une centaine de pages, qui a la particularité d'être accompagné des photographies d'Éric Caravaca. L'histoire est simple : elle commence au lycée, par la rencontre entre le narrateur et "l'idole", le marginal et le garçon populaire, deux garçons perdus. D'une écriture légère et efficace, très aérée, Arnaud Cathrine introduit le lecteur dans la vie des deux adolescents dont l'amitié particulière et fusionnelle s'étiole progressivement, lorsque l'idole perd pied tandis que le narrateur avance dans la vie. L'atmosphère générale du roman gagne en profondeur grâce aux photographies qui l'ont inspiré.

Sensible et tout en simplicité, ce texte touchera les amoureux de poésie, de rythmes saccadés et d'histoires de vie. Je l'ajoute à ma liste de coups de cœur et vais donc m'empresser de lire d'autres ouvrages du même auteur et notamment Les vies de Luka... 

Le bec en l'air, 14€70, 144 pages.