« Un matin que nous patientions devant les portes du lycée encore fermées, constatant que sa bande de hyènes n'était pas encore arrivée, il m'a proposé une cigarette.
Je ne fumais pas en début de seconde.
Depuis lui, je fume.
Pour la première fois, je l'ai vu de près. Je me suis surpris à fixer cette incisive mal placée que découvrait son sourire. En haut.
Il avait une incisive légèrement en avant par rapport aux autres dents et c'est ce qui faisait son sourire. Ça, il ne le savait pas, j'en suis certain. Il n'avait pas conscience que ça faisait tout. Que son pouvoir commençait là.
Il a dû sentir que j'étais candidat. Candidat à lui. »
En bonne admiratrice que je suis, j'ai acheté ce roman sur les conseils de Nina Bouraoui... et parce que le sujet me tentait, ainsi que les quelques phrases lues au vol.
C'est un récit court, d'une centaine de pages, qui a la particularité d'être accompagné des photographies d'Éric Caravaca. L'histoire est simple : elle commence au lycée, par la rencontre entre le narrateur et "l'idole", le marginal et le garçon populaire, deux garçons perdus. D'une écriture légère et efficace, très aérée, Arnaud Cathrine introduit le lecteur dans la vie des deux adolescents dont l'amitié particulière et fusionnelle s'étiole progressivement, lorsque l'idole perd pied tandis que le narrateur avance dans la vie. L'atmosphère générale du roman gagne en profondeur grâce aux photographies qui l'ont inspiré.
Sensible et tout en simplicité, ce texte touchera les amoureux de poésie, de rythmes saccadés et d'histoires de vie. Je l'ajoute à ma liste de coups de cœur et vais donc m'empresser de lire d'autres ouvrages du même auteur et notamment Les vies de Luka...
Nina Bouraoui, lorsque j'en parle, lorsque je dis « c'est mon auteure préférée de tous les temps » (oui, je suis comme ça, moi), on me répond souvent « je ne connais pas ». Lorsque j'ai passé mon entretien pour la librairie où je travaille actuellement, le responsable m'a demandé : « s'il y a un seul livre que vous devriez conseiller, lequel choisiriez-vous ? ». Je n'avais absolument pas réfléchi à cette question. Alors, après quelques secondes de silence, j'ai dit « Mes mauvaises pensées, de Nina Bouraoui ». Je n'ai pas su justifier, j'ai un peu bredouillé. Il ne connaissait pas. Je peux justifier maintenant.
Mes mauvaises pensées, c'est un roman qui a gagné le prix Renaudot en 2005. C'est un livre important pour moi, parce qu'il a provoqué beaucoup d'échos lorsque je l'ai lu. Je crois que c'était pour mes dix-sept ans, ma grand-mère m'a emmenée dans une Maison de la Presse, en Normandie. Elle m'a dit de choisir ce que je voulais pour mon anniversaire. Sur une pile, il y avait donc Mes mauvaises pensées. J'ai lu le résumé, ça semblait intéressant. J'ai ouvert la première page. Et j'ai lu :
Je
viens vous voir parce que j?ai des mauvaises pensées. Mon âme se
dévore, je suis assiégée. Je porte quelqu?un à l?intérieur de ma tête,
quelqu?un qui n?est plus moi ou qui serait un moi que j?aurais
longtemps tenu, longtemps étouffé. Les mauvaises pensées se fixent aux
corps des gens que j?aime, ou aux corps des gens que je désire, je me
dis que l?histoire des tueurs commence ainsi, cela prend la nuit,
jusqu?au matin. J?aimerais me défaire de mon cerveau, j?aimerais me
couper les mains, j?ai très peur, vous savez, j?ai très peur de ce que
je suis en train de devenir, je pense à A., le philosophe qui poignarda
sa femme ; je crois que c?était comme dans un rêve pour lui, j?ai si
peur que mon crime arrive ainsi, dans un demi-songe, dans un état où je
ne contrôlerais plus rien.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/mes-mauvaises-pensees_820879.html#Tr231pJQuD1IkDJX.99
« Je viens vous voir parce que j'ai des mauvaises pensées. Mon âme se dévore, je suis assiégée. Je porte quelqu'un à l'intérieur de ma
tête, quelqu'un qui n'est plus moi ou qui serait un moi
que j'aurais longtemps tenu, longtemps étouffé. Les mauvaises
pensées se fixent aux corps des gens que j'aime, ou aux corps des
gens que je désire, je me dis que l'histoire des tueurs commence
ainsi, cela prend la nuit, jusqu'au matin. J'aimerais me défaire de
mon cerveau, j'aimerais me couper les mains, j'ai très peur, vous
savez, j'ai très peur de ce que je suis en train de devenir, je
pense à A., le philosophe qui poignarda sa femme ; je crois que
c'était comme dans un rêve pour lui, j'ai si peur que mon crime
arrive ainsi, dans un demi-songe, dans un état où je ne
contrôlerais plus rien. »
J'ai eu peur. Je me suis sentie mal. J'ai refermé le livre et puis je suis partie chercher autre chose. J'ai choisi Anna Gavalda, Ensemble c'est tout. Et puis en tournant dans le magasin, j'y suis revenue, à ce fichu bouquin. Un peu à contrecœur ; il me faisait peur tout en m'attirant irrémédiablement. Alors je l'ai pris aussi. Autant vous dire, ce n'est pas un roman léger. Ni facile à lire. Les phrases sont très longues, il n'y a aucun paragraphe, c'est sans pause aucune. Je me souviens l'avoir lu dans le train, principalement. C'est une femme qui s'adresse à son thérapeute.
C'est un roman qui parle entre autres de ce que l'on nomme les phobies d'impulsion. Les ruminations. La peur de commettre un acte inconsidéré, dangereux, quelque chose qu'on ne contrôlerait plus. La peur même d'avoir peut-être envie de commettre cet acte. Mais c'est aussi un récit qui parle d'amour et de désir, qui parle de l'identité, des questionnements sur la vie, sur le rapport aux origines, de l'Algérie, de la Bretagne. C'est un livre touchant, troublant. Nina Bouraoui est née d'une mère française et d'un père algérien. Et puis elle est amoureuse des femmes. Ce sont des thématiques que l'on retrouve régulièrement dans ses ouvrages, souvent qualifiés d'autofictionnels, hormis le dernier, Standard. En toute honnêteté, j'ai moins aimé celui-ci. Trop loin de moi, peut-être. Trop différent des autres. Je l'ai trouvé long. Malgré tout, j'ai retrouvé cette écriture que j'aimais tant, et j'ai été soufflée par la fin et il m'arrive encore d'y penser, quelques semaines après sa lecture, preuve en est qu'il a quelque chose, lui aussi.
J'ai lu tous ses livres. Du premier, La Voyeuse interdite, au dernier donc, Standard. Je reste bien sûr marquée par Mes mauvaises pensées, mais j'ai été extrêmement touchée par La Vie heureuse, qui raconte l'adolescence, l'amour caché pour Diane, la liberté, la Suisse. Je garde un joli souvenir de Poupée Bella qui se passe principalement dans le "Milieu des Filles" parisien - il est très court. Appelez-moipar mon prénom raconte l'amour entre une écrivaine et un de ses lecteurs, en hommage à Marguerite Duras et Yann Andréa. Garçon manqué est sur l'enfance, le fait de se sentir différent (tout est dans le titre et plutôt d'actualité...). Sauvage est l'histoire de la transition entre l'enfance et l'âge adulte à travers la disparition d'un jeune garçon et la vie de son amie, qui continue malgré l'absence. Et il y en a plein d'autres. Les premiers sont les plus sombres.
Bref. Je m'embrouille, j'ai beaucoup de difficultés à en parler clairement parce que la plupart de ses livres m'ont énormément touchée, et j'espère que ce sera également le cas des prochains. Parce que toujours, quand j'y plonge, il y a cette avalanche d'émotions. Ce style si particulier qu'on aimera ou pas, rarement entre deux. Une écriture à la fois exigeante et poétique. Des livres qui bousculent.
Nina Bouraoui lors de la rencontre à la librairie
J'ai eu la chance de la rencontrer, parce que nous l'accueillions à la librairie il y a peu. Moi, tout intimidée, à lui dire « j'aime beaucoup ce que vous faites et je suis très impressionnée ». Elle a répondu qu'il ne fallait pas et elle a ri. Quand je lui ai parlé de ma première réaction face à Mes mauvaises pensées, elle a dit quelque chose comme « ne jamais résister à un livre ! ». Je m'excuse platement d'avoir fièrement clamé que j'avais un an lorsque son premier roman est sorti. C'est une auteure très humaine, abordable, qui sait malgré tout marquer la limite entre l'écrivain et ses lecteurs. Qui a pris le temps, pour chaque dédicace, de discuter avec les gens, de répondre à leurs questions, qui a accepté les photos. C'était une jolie rencontre. Qui m'a donné envie de relire Standard avec un autre regard. Quand j'aurai fini la pile de 30 livres (au moins) qui m'attendent.
(Je ne suis pas vidéaste et je n'aime pas les gens qui toussent, mais bon, ça vous donne un aperçu.)
Quand je l'attendais à la gare, je me disais « mais qu'est-ce que je fais là ? Je vais avoir l'air ridicule et ne pas savoir quoi lui dire. » et puis elle est arrivée et c'était soudain naturel. Mais classe. Voilà. C'était l'effet soleil breton.
Sur ce, lisez Nina Bouraoui, lisez les articles sur ses livres, regardez ses vidéos, découvrez, aimez ou n'aimez pas, mais réagissez. A la librairie, au rayon poches, il y a mon coup de cœur sur Sauvage, qui part doucement, mais que les clients achètent parfois. Après la dédicace, j'en ai profité pour garder en rayon quelques-uns de ses livres que nous n'avions plus, pour pouvoir les proposer. Même si je bafouille quand j'en parle, même si je ne trouve pas les mots. Parce que ses textes méritent d'être connus, un peu plus. (Vous l'aurez compris, je suis très admirative de son travail.)
Vidéo sur Le bal des murènes (mais là c'est surtout parce que ça date de 1996 et que ça me fait rire - si vous cherchez un peu, vous trouverez tous plein de vidéos d'Olivier Barrot qui a l'air d'être un grand fan.)
Elle est également parolière (qui sait, si un jour je deviens célèbre - oui, bon...).
Et y a un tas d'articles aussi, mais je suis fatiguée, maintenant. À vite.
Ah, et j'ai enfin bidouillé les commentaires pour que tout le monde puisse en poster donc ils sont les bienvenus !
Je
viens vous voir parce que j?ai des mauvaises pensées. Mon âme se
dévore, je suis assiégée. Je porte quelqu?un à l?intérieur de ma tête,
quelqu?un qui n?est plus moi ou qui serait un moi que j?aurais
longtemps tenu, longtemps étouffé. Les mauvaises pensées se fixent aux
corps des gens que j?aime, ou aux corps des gens que je désire, je me
dis que l?histoire des tueurs commence ainsi, cela prend la nuit,
jusqu?au matin. J?aimerais me défaire de mon cerveau, j?aimerais me
couper les mains, j?ai très peur, vous savez, j?ai très peur de ce que
je suis en train de devenir, je pense à A., le philosophe qui poignarda
sa femme ; je crois que c?était comme dans un rêve pour lui, j?ai si
peur que mon crime arrive ainsi, dans un demi-songe, dans un état où je
ne contrôlerais plus rien.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/mes-mauvaises-pensees_820879.html#Tr231pJQuD1IkDJX.99
Je
viens vous voir parce que j?ai des mauvaises pensées. Mon âme se
dévore, je suis assiégée. Je porte quelqu?un à l?intérieur de ma tête,
quelqu?un qui n?est plus moi ou qui serait un moi que j?aurais
longtemps tenu, longtemps étouffé. Les mauvaises pensées se fixent aux
corps des gens que j?aime, ou aux corps des gens que je désire, je me
dis que l?histoire des tueurs commence ainsi, cela prend la nuit,
jusqu?au matin. J?aimerais me défaire de mon cerveau, j?aimerais me
couper les mains, j?ai très peur, vous savez, j?ai très peur de ce que
je suis en train de devenir, je pense à A., le philosophe qui poignarda
sa femme ; je crois que c?était comme dans un rêve pour lui, j?ai si
peur que mon crime arrive ainsi, dans un demi-songe, dans un état où je
ne contrôlerais plus rien.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/culture/livre/mes-mauvaises-pensees_820879.html#Tr231pJQuD1IkDJX.99
« Elles nous aiment
et elles nous détestent, voudraient n'avoir qu'un visage de joie
mais ont les traits sculptés dans la détresse. Voilà pourquoi
elles nous repoussent et nous enferment – PA ! – dans ce grand
trou d'oubli que seul grand-père connaît. »
C'est un ouvrage
inattendu que celui de ce jeune auteur belge. Un roman qu'on ouvre
sur un conseil, parce qu'on nous a dit qu'il était « magnifique ».
Et c'est vrai. Il est difficile de parler de ce livre.
C'est l'histoire de Jean,
un petit garçon, dans un pays du Proche-Orient. Son père est mort,
il vit avec sa mère, et il grandit, il cherche son amour et sa
tendresse, il cherche à fuir la distance créée entre eux en
s'inventant Charbel, en inventant Maroun, en inventant Luc la petite
fille, qui sont toujours là pour lui, dans le grenier où il se
cache. Il sait que tout est différent, il sait la guerre et la mort.
Il sait aussi qu'on le prépare à quelque chose. Ce quelque chose,
c'est le départ pour l'Europe, loin de la guerre, où il est adopté
par Sophie. Sophie qui ne l'embrasse pas, ne l'enserre pas et
l'effleure à peine, mais qui veut qu'il soit bien et qui espère
chasser ses propres fantômes à travers lui. Sophie qui lui demande
de l'appeler « maman », pour l'aider, pour que ça
fonctionne, parce que Sophie est « fatiguée », « a
besoin de dormir », parce qu'elle a toujours des excuses pour
tout reporter, tout oublier.
Il y a dans ce récit
tout en subtilité tant d'amour et de tendresse refoulés, il y a des
cœurs qui se cherchent, des mères et des fils qui se perdent et se
trouvent. Il y a l'espoir, il y a les mots pesés, doux et pourtant
si forts. Et surtout, beaucoup, beaucoup d'émotions.
Une époque
contemporaine, un monde imaginaire. Un homme est chargé par le duc
de rendre compte des faits et gestes des habitants d'un village. Tous
ont pour point commun d'avoir perdu un enfant. Ce sont leurs mots –
leurs maux – qu'il collecte.
Ce roman polyphonique se
construit comme un long chant, porté par une écriture poétique et
quasi-théâtrale. Il exprime la douleur infinie qui étreint les
personnages en quête d'apaisement... Probablement comme l'auteur
dont le fils a été tué lors de la guerre au Liban, ce qui donne
une dimension particulière au texte.
Un livre qui chamboule,
si tant est qu'on se laisse happer par sa forme inhabituelle.
Bouleversant.
« Si on ajoute le monde extérieur au
monde intérieur qui vit en chacun de nous, on obtient la somme de
tout ce qui existe ; ce qui est connu par chaque individu et, aussi,
ce qui est inconnu. Il y a du connu et de l’inconnu à l’intérieur
de chacun, du connu et de l’inconnu à l’extérieur.
Pour moi, l’inconnu est un gouffre.
J’ai donc tendance à considérer
l’inconnu comme dangereux. C’est une erreur. Influencé par mon
gouffre qui me terrifie, je me laisse aller à imaginer que le vaste
monde extérieur constitue une menace et c’est à cet endroit que
je commets une erreur. »
Frédéric est un garçon singulier. À
17 ans, il a de graves problèmes de communication qui l'enferment
progressivement dans un monde qui n'appartient qu'à lui. Sa seule
manière de comprendre son entourage est d'enregistrer ses paroles
avec un dictaphone et de les retranscrire à l'écrit. Après Paris,
Oslo et Berlin, il atterrit en Israël avec sa famille. En découvrant
l'hébreu, il croit pouvoir améliorer sa compréhension du langage.
Il va alors partir à la rencontre des habitants de Tel-Aviv pour
comprendre leur histoire et la relation qu'ils entretiennent avec
leur territoire.
A travers un personnage singulier et
attachant, l'auteur mène une réflexion sur la notion de territoire,
d'identité et de langage. Il nous emmène sur les traces de
l'histoire d'Israël en y mêlant l'histoire personnelle de Frédéric,
dans une narration alternée entre l'adolescent et son père qui
laisse apparaître deux réalités. L'écriture est précise, douce
et plonge le lecteur dans les pensées du jeune homme, permettant
d'assister à son progressif détachement du monde.
J'essaie de reprendre du service ! L'hiver est bientôt là, les plaids, le thé... Parfait pour découvrir de nouvelles pépites ! Au final, j'ai choisi de vous parler de mes derniers coups de cœur de manière courte, et j'espère efficace !
« En vérité, le poète, le vrai
poète, possède l'art du funambule. Écrire, c'est avancer mot à
mot sur un fil de beauté, le fil d'un poème, d'une oeuvre, d'une
histoire couchée sur un papier de soie.
Écrire, c'est avancer pas à pas, page
après page, sur le chemin du livre. »
A 17 ans, Yuko est un jeune Japonais
passionné par les haïkus et la neige, mais promis à un destin de
soldat ou de prêtre. Contre l'avis de son père et pour l'amour
d'une jeune fille, il décide de traverser les montagnes pour aller à
la rencontre d'un maître qui lui apprendra à colorer ses poèmes.
Paru à l'origine en 1999, Neige est un
court roman à redécouvrir. Extrêmement poétique, tout en
délicatesse et magnifié par les illustrations de Georges Lemoine,
ce roman est une plongée gracieuse dans l'ancien Japon.
Rien de nouveau par ici... Le manque de temps, surtout. C'est long, d'écrire des chroniques. Peut-être devrais-je me contenter de deux-trois notes, sans faire de longues critiques. J'ai déménagé, je travaille dans une nouvelle librairie où je vais faire mon apprentissage et j'ai commencé à lire les romans de la rentrée littéraire.
A ce propos, le prochain Zulma, Lucia Antonia, funambule, de Daniel Morvan est un petit bijou. C'est un court roman très poétique, aérien, délicat, qui raconte l'histoire d'une funambule dont l'âme sœur, l'amie, la partenaire Arthénice est morte en tombant dans d'un précipice. Le récit alterne les souvenirs dédiés à Arthénice et la vie actuelle de Lucia Antonia, qui tente de se reconstruire sur une île en Bretagne, au fil des rencontres. C'est doux, c'est beau, un peu hors du temps et contemplatif. A découvrir le 22 août.
«
Nous avons su qu'il n'était pas nécessaire de montrer les animaux les
plus extraordinaires quand Arthénice est entrée en piste. Une bande de
flanelle lui entourait le genou gauche. Elle tenait un livre à la main
et le feuilletait. Elle a enlevé ses espadrilles et elle a gardé le
livre. Distraitement, elle est montée sur le trapèze et s'est élancée,
après avoir fini de lire une phrase. Le temps d'un clignement d'yeux,
elle était là-haut, avec son livre. Un autre clignement d'yeux,
j'entendis le froissement du trapèze dans mes oreilles. Le visage à
l'envers d'Arthénice était face au mien, elle disait : tu es belle comme
ça, tiens mon livre, et le trapèze l'emportait à nouveau à l'autre
extrêmité du chapiteau.
De l'autre extrêmité, elle n'est pas revenue. »
Si j'ai un moment, j'essaierai de vous parler des derniers romans que j'ai aimés, notamment A moi seul bien des personnages, de John Irving, La Pendue de Londres, de Didier Decoin et Œuvres I, de Guillaume Dustan, que j'ai bientôt terminé.