« Arthur Dreyfuss
aimait les gros seins. Il s'était d'ailleurs demandé, si d'aventure
il avait été une fille, et parce que sa mère les avait eus légers,
sa grand-mère lourds, du moins dans le souvenir des étreintes
asphyxiantes, s'il les aurait eus gros ou petits. Il trouvait qu'une
poitrine conséquente obligeait à une démarche plus cambrée, plus
féminine, et c'est la grâce de ces silhouettes en délicat
équilibre qui l'enchantait ; le bouleversait parfois. »
C'est ainsi que commence
ce roman. Pourtant, les poitrines opulentes n'en sont pas le sujet,
bien que cette question de la taille y revienne régulièrement. Non,
ici, il s'agit d'une histoire d'amour. Arthur Dreyfuss a vingt ans,
il est garagiste et vit dans un village perdu, dans une petite maison
au bord de la départementale. Sa vie est tranquille, rythmée par
les journées au garage de PP, quelques lectures et quelques séries
en DVD. Jusqu'au jour où Scarlett Johansson sonne chez lui, page 24.
La
première chose qu'on regarde est une histoire d'amour,
une histoire sur les faux-semblants et les illusions. On y trouve une
réflexion subtile sur le culte de l'apparence et de la beauté.
Mais, plus encore, on retient de ce récit un air d'Amélie
Poulain, distillé par la
présence de gens simples, de gens qui cherchent le bonheur, de gens
qui tombent amoureux. On y lit la joie d'être à deux, mais surtout
les blessures de l'enfance : un père qui a disparu, une petite sœur
dévorée par un chien, une mère qui s'est tue et qui n'a plus
jamais embrassé sa fille. Arthur et Scarlett, ce sont deux êtres
cabossés qui se trouvent, qui tentent de se réparer, qui croient y
parvenir. C'est un roman sur l'absence et sur deux solitudes qui se
rejoignent. La première chose qu'on regarde
est un livre à la fois léger et lourd, une histoire portée
par une écriture sensible et parfois drôle qui rappelle que la
beauté du bonheur est inhérente à sa fragilité.
JC Lattès, 17€, 264 pages.
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