« Manon
semble lire dans ses pensées :
- Alors,
tu as emmené tes amoureuses sur la dune ?
- Comment ? Euh, oui, certaines d'entre
elles.
- C'est mignon.
Elle lui parle comme si c'était lui,
le petit garçon.
- Tu les as embrassées ?
- Oui.
- Vous aviez le vertige ?
- Oui, pour différentes raisons !
- Est-ce que vous pouviez toucher les
nuages ?
- Presque...
- Les étoiles aussi, le soir ?
- J'en ai rapporté plusieurs, dans mon
sac à dos.
Manon sourit à l'évocation de cette
image. »
Depuis que sa mère a
quitté la maison en ne lui laissant qu'une lettre, Manon est devenue
solitaire, parlant aux fourmis et aux chats, tandis que son père
passe ses journées à attendre un signe de sa femme, sombrant dans
la dépression et délaissant sa fille. La rencontre de la fillette
avec Anatole, un professeur de français à la retraite, qui va
l'apprivoiser en lui lisant Le Petit Prince
va permettre à Manon de retrouver la joie de vivre et au vieillard
un peu de compagnie et d'espoir. Autour de cette belle amitié se
tissent les histoires de Pierre, le père de la fillette et de
Sophie, sa tante. Ces quatre personnages décident alors de partir au
Maroc pour retrouver Anaïs, la mère de la petite fille...
Les arbres voyagent la
nuit, c'est d'abord le récit
d'une amitié, de deux êtres extrêmement seuls qui trouvent du
réconfort et un peu de chaleur humaine en entretenant une relation
simple et sincère.
Grâce
à toutes ces existences qui s'entremêlent, Aude Le Corff aborde de
nombreux thèmes dans ce premier roman : la relation enfant-vieillard
bien sûr, mais aussi la dépression, la vie conjugale, tout en nous
laissant voir comment la vieillesse est vécue par la société. Elle
écrit sur les marginaux, les laissés pour compte. La lecture est
fluide, les éléments de l'histoire se mettent en place
progressivement et naturellement, tandis que le lecteur s'attache
aisément aux personnages, présentés dans leur vulnérabilité, ce
qui les rend plus touchants encore. Le Petit Prince
fait office de guide tout au long du récit et l'histoire d'Anatole
et Manon n'est pas sans rappeler celle du petit garçon et du renard.
Les arbres voyagent la
nuit, c'est un livre qui fait du
bien ; positif et lumineux. C'est une histoire dans laquelle chacun
tente de s'apprivoiser et de trouver sa place auprès des autres. Un
joli roman de printemps pour les amoureux de la poésie (et les
autres).
Coup de cœur !
Stock, 19€, 304 pages.
Coup de cœur !
Stock, 19€, 304 pages.
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