vendredi 21 février 2014

Nos mères - Antoine Wauters


« Elles nous aiment et elles nous détestent, voudraient n'avoir qu'un visage de joie mais ont les traits sculptés dans la détresse. Voilà pourquoi elles nous repoussent et nous enferment – PA ! – dans ce grand trou d'oubli que seul grand-père connaît. »

C'est un ouvrage inattendu que celui de ce jeune auteur belge. Un roman qu'on ouvre sur un conseil, parce qu'on nous a dit qu'il était « magnifique ». Et c'est vrai. Il est difficile de parler de ce livre.

C'est l'histoire de Jean, un petit garçon, dans un pays du Proche-Orient. Son père est mort, il vit avec sa mère, et il grandit, il cherche son amour et sa tendresse, il cherche à fuir la distance créée entre eux en s'inventant Charbel, en inventant Maroun, en inventant Luc la petite fille, qui sont toujours là pour lui, dans le grenier où il se cache. Il sait que tout est différent, il sait la guerre et la mort. Il sait aussi qu'on le prépare à quelque chose. Ce quelque chose, c'est le départ pour l'Europe, loin de la guerre, où il est adopté par Sophie. Sophie qui ne l'embrasse pas, ne l'enserre pas et l'effleure à peine, mais qui veut qu'il soit bien et qui espère chasser ses propres fantômes à travers lui. Sophie qui lui demande de l'appeler « maman », pour l'aider, pour que ça fonctionne, parce que Sophie est « fatiguée », « a besoin de dormir », parce qu'elle a toujours des excuses pour tout reporter, tout oublier.

Il y a dans ce récit tout en subtilité tant d'amour et de tendresse refoulés, il y a des cœurs qui se cherchent, des mères et des fils qui se perdent et se trouvent. Il y a l'espoir, il y a les mots pesés, doux et pourtant si forts. Et surtout, beaucoup, beaucoup d'émotions.

Verdier, 14,60€, 160 pages.

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